Goxwa Borg

La peintre maltaise Goxwa Borg est née à La Valette en 1961. Elle a commencé à peindre très jeune et s’est inscrite à l’école d’art Saint Martin. Ses œuvres à la cire sur toile défient toute catégorisation. Bien qu’elle s’inspire de fresques anciennes, ses peintures ont un caractère très contemporain.

Goxwa explore tous les genres, mais toutes ses peintures ont le même élément de mystère et d’intrigue. Ses portraits font revivre ceux du Fayoum ou des fresques de Pompéi, et les variations chromatiques évoquent la palette de Turner. C’est cela la peinture de Goxwa, une invitation vers un monde enfoui, l’émergence d’une figure sur une vitre embuée avant sa disparition.

En 1993, elle a organisé sa première exposition personnelle. Depuis, elle a exposé dans plusieurs villes, dont Paris, New York, Strasbourg et San Francisco. Goxwa réside actuellement à Paris et ses expositions continuent d’attirer des foules d’admirateurs et de collectionneurs.

Paula Rego

Si l’artiste Paula Rego est célèbre dans son pays natal, le Portugal, où elle bénéficie de son propre musée, et en Angleterre où elle est installée depuis le début des années 1960 (la National Portrait Gallery de Londres conserve deux de ses tableaux), son travail demeure mystérieuseement méconnu en France. Seule la galerie Sophie Scheidecker, à Paris, lui a offert en 2012 sa première exposition monographique française (en parallèle à la superbe présentation d’oeuvres du Centre Calouste Gulbenkian) et qui a présenté en 2015 un ensemble de dessins, de gravures rehaussées et de pastels récents.

L’occasion de découvrir cette oeuvre figurative marquée par la littérature du XIXe siècle (les romans de José Maria de Eça de Queiros), la poésie d’Edgar Poe, les légendes portugaises (La soupe de pierres), le théâtre et, bien sûr, l’histoire de l’Art. En regardant ses tableaux, comment ne pas penser à Goya, et à Zurbaràn, à Max Ernst, et surtout, à l’univers peuplé de figures macabres et grimaçantes de James Ensor ?

Rien n’intéresse plus Paula Rego que l’être humain. Pas de natures mortes chez elle, encore moins de paysages. « Les paysages, c’est ce que l’on voit depuis les fenêtres des hôtels. Pour qu’une histoire commence, il faut des personnages. » 

(Dépêches de l’Art par Agathe Hakoun et Guillaume Morel le 8 juin 2022)

Max Ernst (1891-1976)

« La Puberté proche… ou les Pléiades »

(Max Ernst 1921 collage sur carton 24.16 x16.6 cm)

Le personnage central est une femme nue en suspension sur un fond bleu. Une très jeune femme sans visage…anonyme donc. Son pied gauche est habillé d’une socquette (comme une petite fille) évoquant « la puberté proche », sa jambe droite porte un bas… Une jeune fille en suspension entre sa puberté nouvelle, et son destin de femme…

A l’origine il s’agit d’une femme nue sur un divan, mais Ernst, au découpage, escamote son visage, ne laissant que la chevelure, et fait passer le personnage de l’horizontale à la verticale. 

Le titre « Les Pléiades » suggère une constellation d’étoiles. 

La poésie écrite au bas du tableau de la main du peintre, semble une dédicace, un message laissé à celui qui contemple et s’interroge :

«  La puberté proche n’a pas encore enlevé la grâce tenue de nos pléiades 

Le regard de nos yeux pleins d’ombre est dirigé vers le pavé qui va tomber La gravitation des ondulations n’existe pas encore. »

«  Le pavé qui va tomber » en bas à gauche de la composition, évoque la force de gravité qui s’oppose à l’élévation des astres. Ernst glisse du phénomène physique exercé par la terre, à une attraction d’un autre ordre, exercée par le corps féminin : la force du désir.

Le fond bleu figure le ciel, tandis que les effilochements argentés, placés en haut du tableau, font penser à des ailes. Cependant, l’essentiel n’est pas de chercher le sens des symboles ici et là, mais plutôt de se laisser envahir par cette sensation de sérénité rare qui se dégage de l’ensemble : dans l’harmonie chromatique de l’étendue bleu pâle et du jaune sable on perçoit les « ondulations » de la mer, et les vagues d’un ciel en train de devenir, par ce mouvement, une mer : le violet, l’indigo, l’outremer étant animés par un même rythme de flux et de reflux.

Dans le texte énigmatique, le mot « grâce » pourrait à lui seul qualifier ce collage. L’artiste nous invite à nous rallier à la beauté lumineuse et le désir, autre force d’attraction plus sublime et subversive… Mais il se peut que nos « yeux pleins d’ombre » ne puissent pas voir la beauté, attirés par le point de chute du tableau (le pavé qui tombe) encore plus que par la grâce de la femme-astre en état d’apesanteur.

Avec cette œuvre, Max Ernst offre à notre regard surpris une image rayonnante, et à notre esprit incrédule un texte mystérieux qui nourrit l’imaginaire.

N.B. : Volontairement j’ai renoncé à interpréter la sphère centrale, (certains voient la représentation du globe terrestre) ainsi que l’élément vermillon (qui n’est, à mon avis, qu’un élément de couleur destiné à ramener le regard au centre du tableau). Comme je le dis précédemment, l’essentiel est l’impression générale. L’art pictural n’a pas de vocation élitiste, et ne s’adresse pas exclusivement aux « intellectuels », le plaisir doit être avant tout purement sensoriel, la peinture se reçoit, avec émerveillement et sans grand questionnement.

« La Mort de García Lorca » Andreï Mylnikov

Huile sur toile 200×200 centimètres.

La Galerie d’État Tretiakov est située à Moscou et est considérée comme l’un des principaux lieux de présentation des beaux-arts russes. Elle a été fondée en 1856 par l’homme d’affaires et philanthrope moscovite Pável Tretiakov. 

En entrant dans le hall principal de la Galerie d’État Tretiakov, la première chose que l’on peut voir est  une œuvre composée de trois tableaux intitulée « Triptyque d’Espagne », considérée comme un chef-d’œuvre d’Andrei Mylnikov (1919-2012).

Cette oeuvre se compose de trois grandes huiles sur toile : une peinture centrale de 2×2,5 mètres (Le Christ des lanternes) et sur ses côtés deux de 2×2 mètres. Dans leur ensemble, elles représentent une idée de la vie et de la mort, une composition complexe qui confronte une fois de plus l’éternel combat entre le bien et le mal : la vie et la mort, l’amour et la trahison, la douleur physique et l’élévation spirituelle. Trois titres pour ces trois oeuvres, trois crucifixions : « Corrida à Madrid » , « Le Christ des lanternes chez les Capucins« , et enfin « La Mort de Garcia Lorca » que j’ai choisi de montrer ci-dessus, une figure debout accueillant désespérément à bras ouverts un destin dur et impitoyable.

Mylnikov a mis environ 15 ans avant de considérer cette série comme achevée. Il l’a commencée vers 1974 après un voyage en Espagne, mais ce n’est qu’en 1981 qu’il l’a présentée au grand public, et ce à peu près au moment où il a reçu la médaille d’or de l’Académie des Beaux-Arts de l’Union soviétique. Quelques années plus tard, en 1984, il sera également choisi pour le prix Lénine, la plus haute mention officielle qu’un citoyen puisse obtenir en Union soviétique. Mylnikov a visité quelques villes espagnoles : Madrid, Tolède, Barcelone… mais c’est dans un endroit très précis, à Cordoue, qu’il comprendra et saisira l’essence avec laquelle il dépeint l’Espagne.

Amadeo de Souza-Cardoso (1887-1918)

Peintre portugais précurseur de l’art moderne, 

né le 14 novembre 1887 à Manhufe, dans la paroisse de Mancelos, à Amarante, 

et mort le 25 octobre 1918 à Espinho.

On dit qu’il est « le secret le mieux gardé du premier modernisme »

Considéré comme l’un des artistes les plus talentueux de sa génération, intime de Modigliani, Brancusi, du couple Sonia et  Robert Delaunay, il a exposé à Londres, Berlin, New York, Moscou, aux côtés des plus grands de son temps : Braque, Picasso, Duchamp, Matisse, Kandinsky…

Léger, tout en refusant toute étiquette, il connut de son vivant un grand succès critique et médiatique mais sa mort précoce le plongera dans l’oubli durant plus de 50 ans.  

Un grand merci à mon ami Carlos Matos, pour le choix de la bande sonore.

Hasan Saygin, peintre.

« Le Maître ne peint pas seulement les fruits, il peint la saveur du fruit éclaté sur la langue, il peint la lumière traversant la texture du verre, il peint mon désir de toucher les nappes rayées, il peint le chatoiement du thé et l’acidité de la tranche de citron…

Le Maître ne peint pas seulement les fleurs, il peint le parfum délicat exhalé du bouquet, il peint l’ombre portée des pétales et la transparence du vase… Les « natures mortes » de Hasan Saygin sont si vivantes qu’elles font frémir de désir et trembler de plaisir… »

Guillermo Lorca, peintre chilien

Guillermo Lorca Garcìa-Huidobro né à Santiago le 14 mars 1984 est un peintre chilien.

Aux confins de la nuit, l’imaginaire onirique de Guillermo prend une place absolue.

Ses « huile sur toile » de grands formats, sont peuplées d’enfants, d’animaux et d’oiseaux parfois gigantesques.

Il définit son travail en général comme « l’expression d’Eros et Thanatos, un ensemble de forces opposées, une transgression de l’ordre établi et un débordement de l’être, un monde de l’enfance où il n’y a pas encore d’adulte moralisateur, un monde archétypal de l’inconscient, un monde dérangeant, sombre, un monde fantastique, qui représente les élans de la vie, où, même dans les beautés les plus tragiques, il y a de l’élan et de l’espoir… »

Le jeu permanent entre le mal et l’innocence ne sont pas antagonistes, ils partagent la même nature, comme cela se produit dans les rituels anciens, dans l’art primitif, dans les cultures ancestrales. Selon Guillermo, une partie de notre expérience humaine, de nos pulsions et de nos sentiments sont symbolisés dans les esprits de la nature, dans ces sortes de démons.

Guillermo, peint des rêves…

Fernando Botero

« Prendre pour modèle une peinture d’un autre peintre, ce que je fais souvent, c’est se mesurer à la puissance picturale d’une œuvre. Si la position esthétique que l’on a est absolument originale par rapport à celle à laquelle on se confronte, l’œuvre que l’on fait est elle-même originale »